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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/238

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— Il a peur pour moi ! remarquai-je…

— Allah est Allah ! répondit sérieusement le vieil homme.

Et il jeta sur la bête un regard où l’admiration commençait à se mêler de quelque confiance. Quoique les jeunes gens fussent moins rassurés, cependant la docilité du lion les frappait.

— Oui, répondis-je, Allah est grand !… Il a voulu que ce lion sauvât votre vie. Pourquoi redouteriez-vous votre sauveur ?

Je répétai cette belle phrase de cinq ou six manières différentes, faisant appel à tous les synonymes qui voulurent bien se présenter à ma mémoire. À la fin, l’idée se précisa dans la tête du vieillard, qui en fit part à ses compagnons. Elle parut produire d’excellents effets. Le jeune homme montra par son attitude qu’il s’en rapportait au Rétributeur ; la jeune personne trembla moins fort.

Il y eut un assez long silence. Les yeux