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Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/254

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de cramoisi, un front aux fines arcades.

Après un long silence, je murmurai :

— La nuit est douce !

Elle sourit, et, d’un geste, elle fit signe qu’elle ne comprenait point.

J’en ressentis une vive contrariété, et pourtant, de la sentir si étrangère augmentait encore mon émoi.

L’heure était impressionnante. La nappe des rayons lunaires s’étendait à l’infini sur le sol rose, blanc et bleuâtre : on eût dit de quelque lac impalpable, plein de vies légères qui traversaient nos corps comme la lumière traverse le cristal. De-ci de-là passait une noctuelle, ou bien, un rapace rôdait sur ses ailes cotonneuses ; quelque chacal glapissait ; un profil paraissait et s’effaçait au flanc des mamelons ; la brise agitait les parfums subtils du désert ; et les étoiles, mi-noyées, oscillaient ainsi que de petits cœurs de feu. Ah ! nuit surprenante, dont la beauté était faite de choses si sim-