Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bête qui rampe. J’éveillai Oumar, qui écouta à son tour :

— Ce pourrait être Saïd, dit-il. Il est prudent, il nous reconnaît avant de se décider.

— Les lions ont en effet mauvais nez, ajoutai-je… Nous pouvons aussi nous trouver en présence d’un homme.

Nous nous couchâmes, le fusil en joue ; puis, tout doucement, je me mis à siffler sur une modulation que Saïd connaissait bien. Un rugissement répondit, une masse formidable tomba près de nos tranchées :

— À bas, Saïd.

Un grondement de joie, et la bête rampa. C’était bien Saïd ! Notre joie fut profonde ; devant les forces obscures, c’était une grande sécurité d’avoir avec nous ce fauve compagnon… Nous nous remîmes à la tâche dès l’aube, et nous marchions depuis longtemps, penchés vers la terre, quand Saïd gagna une petite éminence sur notre gauche et, de là, couché, parut guetter une proie. Je le rejoi-