Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/84

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de l’eau, aux balancements du roseau. Les tièdes caresses se cherchaient dans les impondérables nues de pollen, dans la fleur venue tendrement des profondeurs vers une fleur aimée. Le monde des Eaux, père de la vie, ancêtre fécond, multipliait son intarissable magie.

Le regard de Sabine était imprégné de la fraîcheur du lac, de la palpitation du jour. Ému, je tremblais en la regardant. Éternel Éden de la nature autour de la jeunesse amoureuse !

Je me souviens du passage d’un rayon sur elle, à travers la trouée du feuillage. Elle était debout, ses cils abaissés vers moi. Le rayon se mit à trembler sur sa chevelure, dans un frôlis de feuilles. Un rameau tomba ; un insecte brillant erra sur son col. Et le bonheur semblait posé sur l’eau bleuissante, sur le bord nacré des pétales. Je la pris contre mon cœur ; une douceur périlleuse nous commandait :