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Page:Rosny aine - Helgvor du fleuve bleu, 1935.djvu/45

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LES FUGITIVES

les astres mêmes apparaissaient menaçants. Amhao soupirait, songeant à Tsaouhm, son maître, par qui elle avait conçu :

— Tsaouhm est fort ! murmurait-elle.

À cette plainte, qui la pénétrait subtilement, l’audace et la colère tremblaient dans la poitrine de Glavâ :

— Amhao oublie qu’elle devait mourir ! grondait-elle. Depuis longtemps son sang aurait séché sur les rocs ! Les Tzoh sont pires que le tigre et le lion !


Un soir qu’il avait faim, l’ours gris s’arrêta devant le fleuve. Depuis la veille, les bêtes astucieuses dépistaient sa pesante émanation : en vain s’était-il terré parmi les rocs, accroupi dans la broussaille, mêlé aux longues herbes : le saïga, le cerf élaphe, l’antilope, le mouflon, l’ægagre discernaient ses effluves parmi celles des feuillages, des herbes, des terres lourdes et des aromates.

Sa fureur, attisée par la faim, ne cessait de s’accroître et son âme opaque, bourrue, haineuse, s’indignait contre les ruses ou l’agilité de la proie.

Devant la flamme, il ouvrait au large une gueule grognante, et quand il secouait les pattes, ses énormes griffes cliquetaient. Les yeux, féroces et vigilants, luisaient de convoitise à la vue des deux femmes. Sa peau l’enveloppait avec