piquer les mufles qui flairaient ou les pattes qui fouissaient : mystérieusement blessées par un ennemi invisible, les bêtes battaient en retraite : Glavâ et Amhao évitaient de darder trop vivement la sagaie, afin de ne pas exaspérer les grands carnivores…
Presque toujours, ce n’étaient que des loups, des hyènes, des chacals. Une fois le tigre vint et deux fois le lion ; ils ne s’attardèrent point, soit par défiance, soit parce que d’autres proies les sollicitaient… Souvent aussi, bien cachées dans un fourré, parmi des épines, les fugitives évitaient la visite des rôdeurs.
À mesure qu’elles s’éloignaient de la tribu, leurs haltes se prolongèrent. Elles fabriquaient des pieux, à l’exemple des Tzoh, et s’en servaient pour hérisser leur retraite. Dans les îlots, la sécurité était presque parfaite ; parfois, elles se glissaient dans les fissures trop étroites pour livrer passage aux grands carnivores et, quand elles découvraient une caverne vide, facile à barricader, elles y passaient plusieurs jours.
Une lune après leur départ, les femmes jugèrent qu’elles étaient assez loin de la tribu pour s’arrêter durablement. Il fallait une terre giboyeuse et féconde, un gîte à l’abri des fauves et des météores, la proximité du fleuve. Elles cherchèrent plusieurs jours. Un matin, dans une