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VOYAGE

1792.
Mai.
prendre cette précaution à celle que nous avons vue.

On a trouvé, sur les deux rives, des espèces de pirogues informes, qui annoncent que ces sauvages sont aussi peu avancés dans ce genre d’industrie que dans tous les autres.

Un navigateur ne pourra jamais être accusé d’exagération en manifestant une sorte d’enthousiasme à la vue d’un mouil­lage prolongé dans un espace de plus de vingt-quatre milles d’étendue, par-tout également sûr, où l’on ne rencontre aucun écueil, où l’on peut par-tout, sans inquiétude, laisser tomber l’ancre, dont les terres peuvent être approchées sans danger à une encablure ; d’un aspect d’ailleurs très-riant, quoiqu’il paroisse monotone à la première vue par la verdure uniforme des arbres dont toutes les collines amoncelées les unes sur les autres sont couvertes depuis le sommet de la plus élevée jusqu’au rivage, mais varié néanmoins par les sites pittoresques que forment les sinuosités et les baies multipliées de ce canal, et par les rivières qui s’y jettent, mais seulement du côté de la grande terre. Dans une saison aussi avancée, et dans un golfe qui porte un nom si menaçant, la découverte d’un pareil mouillage est faite pour procurer à un homme de mer une jouissance qu’il faut avoir sentie pour pouvoir l’exprimer.