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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Juillet.
préférence donnée au havre Carteret, où nous mouillâmes à quatre heures du soir. À peine pûmes-nous recueillir dans ce havre une douzaine de noix de coco : l’eau y est bonne, claire et abondante ; on s’en procure aisément en établissant une communication par le moyen de jumelles, dans lesquelles est versée l’eau que l’on puise sans peine. On y fait le bois avec facilité ; mais ce bois présente un grand inconvénient, celui de remplir le navire de toute sorte d’insectes venimeux.

Les arbres du rivage de ce havre ont l’air de sortir de l’eau ; les montagnes, boisées depuis le bord de la mer jusqu’à leurs sommets, sont escarpées, et se présentent sous l’aspect de massifs élevés, revêtus d’une verdure si épaisse, qu’elle ne laisse pas même apercevoir la tige des arbres. D’après le récit de M. de Bougainville, qui avoit mouillé au port Praslin dans la même saison et dans le même mois, nous devions nous attendre à avoir des pluies abondantes ; mais elles le furent au-delà de notre attente : depuis le 17 au soir, que nous avions mouillé dans le havre Carteret, jusqu’au 24, jour de notre départ, il ne cessa de tomber des torrens d’eau qui nous retraçoient la scène du déluge.