Le 7, 1793.
Juin. on vit de très-bonne heure des terres dans le Nord ;
mais bientôt après elles furent enveloppées de nuages. A huit
heures, elles reparurent et se présentèrent sous l’aspect de
7. deux îles, dont l’une s’étendoit, à midi, du Nord 11° Est au
Nord 19° Est ; la seconde restoit au Nord 45° Est. Ces
terres étoient les mêmes que celles dont nous nous étions
éloignés le 6 au coucher du soleil ; elles se trouvoient alors
à une très-grande distance, et nous n'aurions pas soupçonné
qu’il fût possible de les apercevoir par un temps aussi
peu serein.
L’archipel des îles Salomon est coupé dans tous les sens par un si grand nombre de canaux, que l’on ne doit pas être étonné des variations qui ont lieu dans la vitesse et dans la direction des courans. Les routes estimées près de ces îles ont été très-défectueuses : nous n’avons tracé sur les cartes que les routes corrigées d’après les observations astronomiques, ou d’après des relèvemens pris sur des points dont la position avoit été fixée par des opérations précédentes. Les routes de nuit, qui ont été corrigées par cette méthode, se sont trouvées avoir quelquefois des directions opposées à celles qui résultoient de l’estime. Ce n’est qu’avec le secours des montres marines que l’on peut parvenir à faire de bonnes cartes de ces côtes, dont on est forcé de se tenir assez près en restant exposé à la plus grande influence du courant, qui est toujours plus rapide près de terre qu’à quelques lieues au large.