Servant tous deux au régiment de Son Altesse
Deux hommes, en congé, marchaient d’un pas distrait,
Quand ils ont vu le duc de Reichstadt qui rentrait ;
Vous savez qu’un fossé profond longe la rue :
Le duc veut le franchir ; son cheval pointe, rue,
Se dérobe ; le duc le ramène… et, hop là !
Alors pour l’applaudir, ils ont crié. Voilà.
Faites-m’en monter un, vite !
(Tibruce, du perron, fait un signe au-dehors.
On veut que je meure !
(Entre un sergent-major du régiment du duc. Il salue gauchement, intimidé par tout ce beau monde.)
Un sergent ! — Pourquoi donc avez-vous, tout à l’heure,
Poussé ce cri ?
Je ne sais pas.
Tu ne sais pas ?
Le caporal non plus avec lequel, en bas,
J’ai crié, ne sait pas. Ça nous a pris. Le prince
Était si jeune sur son cheval, et si mince !…
Et puis l’on est flatté d’avoir pour colonel
Le fils de…
Bien, c’est bien !
Il a franchi l’obstacle ! Et blond comme un saint George !…
Alors, ça nous a pris tous les deux à la gorge,
Un attendrissement… une admiration…
Et nous avons crié : « Vive… »
C’est bon ! c’est bon !