Page:Rostand - Chantecler.djvu/103

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LE GRAND-DUC, à son voisin.

C’est le Merle ?

LE MERLE, s’avançant.

C’est le Merle ? Oui, mon Duc. — Et là, ces deux agates,
C’est le Chat.

LE GRAND-DUC.

C’est le Chat. Je l’entends qui se lèche les pattes.

LE CHAT-HUANT, reprenant la parole.

Nocturnes ! puisqu’ici, ce soir, — c’est notre orgueil ! —
Nous sommes entre gens ayant le mauvais œil…

TOUS LES NOCTURNES, ricanant et se dandinant à leur manière.

Ha ! ha !

LE GRAND-DUC, ouvrant ses ailes pour imposer silence

Ha ! ha ! Chut !

Ils reprennent tous leur immobilité terrible.
LE MERLE.

Ha ! ha ! Chut ! Moi, je n’ai que l’œil malin. J’assiste,
Mais sans prendre parti, vous savez, en artiste.

UN HIBOU.

Ne pas prendre parti, c’est le prendre pour nous.

LE MERLE.

Et allez donc ! c’est très simpliste, les hiboux !

LE CHAT-HUANT, terminant sa phrase.

Exprimons-nous d’un bec franchement malévole :
Le Coq est un voleur !

TOUS.

Le Coq est un voleur ! Un voleur ! — Il nous vole !

LE MERLE.

Quoi ?

LE GRAND-DUC.

Quoi ? La santé ! La joie !

LE MERLE.

Quoi ? La santé ! La joie ! Ah ! vous m’en direz tant !