Page:Rostand - Chantecler.djvu/138

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CHANTECLER.

Le Merle !… Mon secret !… Ça !… Ce moqueur alerte !…

À la Faisane.

Ne nous laisse pas seuls ! J’ai l’âme encore ouverte :
Les rires entreraient !

LE MERLE.

Les rires entreraient ! Ça ! ça ! c’est trop beau !

CHANTECLER.

Les rires entreraient ! Ça ! ça ! c’est trop beau ! Mais…
D’où sors-tu ?

LE MERLE, montrant un des pots de fleurs, vide et renversé.

D’où sors-tu ? De ce pot.

CHANTECLER.

D’où sors-tu ? De ce pot. Comment ?

LE MERLE.

D’où sors-tu ? De ce pot. Comment ? J’y consommais
Du perce-oreille cru dans de la terre cuite,
Quand soudain… Ah ! je veux t’exprimer tout de suite
Quel éblouissement…

CHANTECLER.

Quel éblouissement… Mais…

LE MERLE.

Quel éblouissement… Mais… Quoi ? ça jette un froid
Qu’un pot puisse être un jour moins sourd qu’on ne le croit ?

CHANTECLER.

Écouter dans un pot ! Se peut-il qu’on s’abaisse ?…

LE MERLE.

Ah ! qu’importe le pot pourvu qu’on ait l’ivresse ?
Et je viens de l’avoir ! la grande ! J’étais fou !
Je trépignais l’argile en lorgnant par le trou !