Page:Rostand - Chantecler.djvu/147

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LE MERLE, sautant sur le fagot.

Oui, mais j’ai de l’esprit.

CHANTECLER, se retournant avec mépris.

Oui, mais j’ai de l’esprit. Nous en reparlerons.

LE MERLE, qui devient acide.

Soit ! je t’offrais gaîment quelques grains d’ellébore.
Je m’en lave après tout les pattes. Corrobore
Ce que tes ennemis vont racontant.

CHANTECLER, se rapprochant.

Ce que tes ennemis vont racontant. Qui ? Quoi ?

LE MERLE.

Joue à l’Oiseau-Soleil qui dit : « L’Éclat, c’est moi ! »

CHANTECLER.

Tu fréquentes donc ceux qui me tiennent en haine ?

LE MERLE.

Ah ! ça te vexe ?

CHANTECLER.

Ah ! ça te vexe ? Oh ! non, pauvre Calembredaine !
L’habitude t’emporte, et ce n’est plus exprès
Que même en amitié tu fais des à peu près.

Marchant sur lui.

Quels sont mes ennemis ?

LE MERLE.

Quels sont mes ennemis ? Les Hiboux.

CHANTECLER.

Quels sont mes ennemis ? Les Hiboux. Imbécile !
Mais croire à mon destin me devient trop facile
Si les Hiboux sont contre moi !

LE MERLE.

Si les Hiboux sont contre moi ! Sois donc heureux :
Ils veulent — l’éclairage étant trop fort pour eux —