Page:Rostand - Chantecler.djvu/177

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LA PINTADE.

Mais…

CHANTECLER.

Mais… … La crête en piment, l’oreille en gousse d’ail…

LA PINTADE.

Vous êtes excusé ! costume de travail !

CHANTECLER, avançant.

… Et je n’ai pour habit — pardon d’être si sobre ! —
Que tout le vert d’Avril et que tout l’or d’Octobre !
Je suis honteux. Je suis le Coq, le Coq tout court,
Qu’on trouve encor, parfois, dans une vieille cour,
Ce Coq fait comme un Coq, dont la forme subsiste
Sur le toit du clocher, dans les yeux de l’artiste,
Et dans l’humble jouet que la main d’un enfant
Trouve sous les copeaux d’une boite en bois blanc !

UNE VOIX, ironique, partie des groupes éclatants.

Le Coq… Gaulois ?

CHANTECLER, doucement, sans même se retourner.

Le Coq… Gaulois ? Ce n’est pas un nom qu’on se donne
Quand on est aussi sûr que moi d’être autochtone ;
Mais je vois, sur vos becs puisque ce nom vola,
Que lorsqu’on dit le Coq tout court, c’est celui-là !

LE MERLE, à Chantecler, bas.

J’ai vu ton assassin !

CHANTECLER, qui voit s’avancer la Faisane.

J’ai vu ton assassin ! Tais-toi ! Qu’elle ne sache
Rien !

LA FAISANE, coquettement.

Rien ! Vous êtes venu pour me voir ?

CHANTECLER, s’inclinant.

Rien ! Vous êtes venu pour me voir ? Je suis lâche !

LA PINTADE, qui écoute le Cochinchinois, lequel chuchote,
très entouré des Poules.

Ce Coq Cochinchinois dit des horreurs !

CHANTECLER, se retournant.

Ce Coq Cochinchinois dit des horreurs ! Assez !