Page:Rostand - Chantecler.djvu/191

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Avec la plus dédaigneuse impertinence.

Vous déclinez Rosa ?

CHANTECLER.

Vous déclinez Rosa ? Mais oui, Paon que vous êtes !
D’ailleurs, je vous pardonne, à vous, d’avoir osé
Mal parler devant moi de la Rose, rosæ ;
Car, pauvre artificier, la lutte est inégale,
Et plus que tous vos feux la Rose est du Bengale !

Il regarde autour de lui.

Mais je somme les Coqs, du Dorking au Bantam,
De défendre avec moi…

UN COQ, négligemment.

De défendre avec moi… Qui ?

CHANTECLER.

De défendre avec moi… Qui ? La Rose, rosam ;
De déclarer ici, sur-le-champ…

LE MERLE, ironique.

De déclarer ici, sur-le-champ… Tu te poses
Alors en champion ?…

CHANTECLER.

Alors en champion ?… Oui, rosarum, des Roses !
…Que l’on doit adorer…

UN COQ.

…Que l’on doit adorer… Qui ?

CHANTECLER, avec une adoration de plus en plus provocante.

…Que l’on doit adorer… Qui ? Les Roses, rosas !
Où dort la pluie ainsi qu’en des alcarazas,
Et qu’elles sont toujours et seront…

UNE VOIX, froide et coupante.

Et qu’elles sont toujours et seront… Des fichaises !

Tous les Coqs de luxe s’écartent, démasquant le Pile Blanc, qui apparaît long, maigre et sinistre, au fond, entre leurs deux rangées.
CHANTECLER.

Enfin !

LE MERLE.

Enfin ! C’est le moment de grimper sur les chaises !