Page:Rostand - Chantecler.djvu/205

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LA PINTADE, ravie.

Il m’insulte chez moi ! c’est sensationnel !

CHANTECLER, au Paon.

Faux brave que la Mode a pris pour colonel,
Vous marchez dans la peur dont votre gorge est bleue
De paraître en retard aux yeux de votre Queue ;
Mais, poussé tout le temps par tous ces yeux qu’elle a,
Vous tomberez, et vous irez finir dans la
Fausse immortalité que donne, faux artiste,

Imitant la façon de parler du Paon.

Le… dirai-je empailleur ?

LA PINTADE, machinalement.

Le… dirai-je empailleur ? Oui !

CHANTECLER.

Le… dirai-je empailleur ? Oui ! Non !… taxidermiste,
Pour employer le mot que vous auriez choisi !
Voilà, mon cher Paon.

LE MERLE.

Voilà, mon cher Paon. Pan !

CHANTECLER, se retournant vers lui.

Voilà, mon cher Paon. Pan ! Et quant à toi…

LE MERLE.

Voilà, mon cher Paon. Pan ! Et quant à toi… Vas-y !

CHANTECLER.

J’y vais.

Il descend.

J’y vais. Toi, tu connus, par quelque matin blême,
Un Moineau de Paris : tu nous l’as dit toi-même.
C’est ce qui t’a perdu. Depuis, la peur te tient
De n’être pas toujours « très moineau-parisien » !

LE MERLE.

Mais…

CHANTECLER.

Mais… J’y vais ! — Et sans soupçonner une minute
Que jamais un sifflet ne pourra dire : « Flûte » !