Page:Rostand - Chantecler.djvu/237

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Ce pontife du gargarisme sensiblard !

DEUXIÈME CRAPAUD.

Ce vieux ténor fêtant par une cavatine
Son éternel été de la Saint-Lamartine !

TROISIÈME CRAPAUD.

Ce « Prends-ton-luth » qui file encor l’arioso !

CHANTECLER, indulgent.

Que voulez-vous, si ça l’amuse, cet oiseau !

LE GROS.

… Et fait sévir la vocalise virtuose !

CHANTECLER.

Il est clair qu’à présent nous voulons autre chose !

TROISIÈME CRAPAUD, d’un ton sans réplique.

Ton chant vrai démasqua l’artifice des siens !

TOUS, dans une explosion.

À bas Bulbul !

CHANTECLER, qu’ils ont peu à peu entouré.

À bas Bulbul ! Messieurs et chers Batraciens…
Ma voix lance, il est vrai, des notes naturelles…

LE GROS.

Oui, tu nous fais pousser des ailes !

CHANTECLER, modestement.

Oui, tu nous fais pousser des ailes ! Oh !

TOUS, se trémoussant comme pour s’envoler.

Oui, tu nous fais pousser des ailes ! Oh ! Des ailes !

LE GROS.

Mais en chantant la Vie !

CHANTECLER.

Mais en chantant la Vie ! En effet…

DEUXIÈME CRAPAUD.

Mais en chantant la Vie ! En effet… Oui, mon cher,
La Vie !

CHANTECLER, avec abandon.

Et c’est pourquoi, mon panache est en chair !