Page:Rostand - Chantecler.djvu/42

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Gloire à toi sur les prés ! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l’herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l’aile des cygnes !
Et quaÔ toi qui fais les grandes lignes
Et quaEt qui fais les petits détails !

C’est toi qui, découpant la sœur jumelle et sombre
Qui se couche et s’allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
Et quaÀ chaque objet donnant une ombre
Et quaSouvent plus charmante que lui !

Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Et quaTu prends un arbre obscur et tu l’apothéoses !
Et quaÔ Soleil ! toi sans qui les choses
Et quaNe seraient que ce qu’elles sont !

LE PIGEON.

Bravo ! J’en parlerai longtemps à ma pigeonne !

CHANTECLER, l’aperçoit, et avec une noble courtoisie.

Jeune inconnu bleuâtre et dont le bec bourgeonne,
Merci ! — Vous me mettrez à ses pieds de corail !

Le Pigeon s’envole.
LE MERLE.

Il faut soigner les admirateurs !

CHANTECLER, d’une voix cordiale, à la Basse-Cour.

Il faut soigner les admirateurs ! Au travail,
Tous, gaîment !

Une mouche passe en bourdonnant.

Tous, gaîment ! Mouche active et sonore, je t’aime !
Regardez-la : son vol n’est qu’un don d’elle-même.