Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/131

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De guiche, regardant la maison.

Oui, c’est là. J’y vois mal. Ce masque m’importune !

(Il va pour entrer. Cyrano saute du balcon en se tenant à la branche, qui plie, et le dépose entre la porte et De Guiche ; il feint de tomber lourdement, comme si c’était de très haut, et s’aplatit par terre, où il reste immobile, comme étourdi. De Guiche fait un bon en arrière.)

Hein ? quoi ?

(Quand il lève les yeux, la branche s’est redressée ; il ne voit que le ciel ; il ne comprend pas.)

Hein ? quoi ?D’où tombe cet homme ?

Cyrano, se mettant sur son séant, et avec l’accent de Gascogne.

Hein ? quoi ?D’où tombe cet homme ?De la lune !

De guiche.

De la ?…

Cyrano, d’une voix de rêve.

De la ?…Quelle heure est-il ?

De guiche.

De la ?…Quelle heure est-il ?N’a-t-il plus sa raison ?

Cyrano.

Quelle heure ? Quel pays ? Quel jour ? Quelle saison ?

De guiche.

Mais…

Cyrano.

Mais…Je suis étourdi !

De guiche.

Mais…Je suis étourdi !Monsieur…

Cyrano.

Mais…Je suis étourdi !Monsieur…Comme une bombe
Je tombe de la lune !

De guiche, impatienté.

Je tombe de la lune !Ah çà ! Monsieur !

Cyrano, se relevant, d’une voix terrible.

Je tombe de la lune !Ah çà ! Monsieur !J’en tombe !

De guiche, reculant.

Soit ! soit ! vous en tombez !… c’est peut-être un dément !

Cyrano, marchant sur lui.

Et je n’en tombe pas métaphoriquement !…

De guiche.

Mais…