Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/145

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La sentinelle, qui est sur le talus.

Ventrebieu ! qui va là ?Bergerac !Ventrebieu !
Qui va là ?

Cyrano, paraissant sur la crête.

Qui va là ?Bergerac, imbécile !

(Il descend. Le Bret va au-devant de lui, inquiet.)

Le bret.

Qui va là ?Bergerac, imbécile !Ah ! grand Dieu !

Cyrano, lui faisant signe de ne réveiller personne.

Chut !

Le bret.

Chut !Blessé ?

Cyrano.

Chut !Blessé ?Tu sais bien qu’ils ont pris l’habitude
De me manquer tous les matins !

Le bret.

De me manquer tous les matins !C’est un peu rude,
Pour porter une lettre, à chaque jour levant,
De risquer !

Cyrano, s’arrêtant devant Christian.

De risquer !J’ai promis qu’il écrirait souvent !

(Il le regarde.)

Il dort. Il est pâli. Si la pauvre petite
Savait qu’il meurt de faim… Mais toujours beau !

Le bret.

Savait qu’il meurt de faim… Mais toujours beau !Va vite
Dormir !

Cyrano.

Dormir !Ne grogne pas, Le Bret !… Sache ceci :
Pour traverser les rangs espagnols, j’ai choisi
Un endroit où je sais, chaque nuit, qu’ils sont ivres.

Le bret.

Tu devrais bien un jour nous rapporter des vivres.