Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/148

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Carbon, allant à la tente où est entré Cyrano, à mi-voix.

Oui, du pain !Cyrano !

D’autres.

Oui, du pain !Cyrano !Nous mourrons !

Carbon, toujours à mi-voix, à la porte de la tente.

Oui, du pain !Cyrano !Nous mourrons !Au secours !
Toi qui sais si gaiement leur répliquer toujours,
Viens les ragaillardir !

Deuxieme cadet, se précipitant vers le premier qui mâchonne quelque chose.

Viens les ragaillardir !Qu’est-ce que tu grignotes ?

Le premier.

De l’étoupe à canon que dans les bourguignotes
On fait frire en la graisse à graisser les moyeux.
Les environs d’Arras sont très peu giboyeux !

Un autre, entrant.

Moi je viens de chasser !

Un autre, même jeu.

Moi je viens de chasser !J’ai pêché dans la Scarpe !

Tous, debout, se ruant sur les deux nouveaux venus.

Quoi ? — Que rapportez-vous ? — Un faisan ? — Une carpe ? —
Vite, vite, montrez !

Le pecheur.

Vite, vite, montrez !Un goujon !

Le chasseur.

Vite, vite, montrez !Un goujon !Un moineau !

Tous, exaspérés.

Assez ! — Révoltons-nous !

Carbon.

Assez ! — Révoltons-nous !Au secours, Cyrano !
(Il fait maintenant tout à fait jour.)