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À KRÜGER. 61

Pardon pour cette foule et pour ce peuple brave Qui, tout en t’acclamant, Vieillard, Souffre, au fond, de n’avoir à t’offrir, vieux burgrave. Que ce platonisme braillard !

Pardon pour l’injustice, ô Krüger, dont nous sommes Tous, hélas ! complices un peu, Car il en est plus d’un, parmi ces jeunes hommes, Qui n’a pas fait tout ce qu’il peut I

Pardon pour le soldat qui vantait à tue-tête L’héroïsme de Villebois, Et qui n’est pas parti ! Pardon pour le poète Qui n’a pas élevé la voix !

Pardon pour ce vieux monde aux âmes dégradées Où les meilleurs sont si mauvais, Pour moi qui, quand souffraient de pareilles Idées, Ai senti le mal que j’avais !

Pardon ! Ce cri devrait sortir de chaque ville ! T’arriver comme un bruit de mer ! Et le pâtre suivant des yeux le train qui file Devrait crier : Pardon, Krüger !