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4 LE VOL DE LA MARSEILLAISE.

Que va-t-il retrouver demain sur son pupitre ?

— L’homme tombe, épuisé, las d’être surhumain. Il dort.

Le chant s’élance ! — et, dès le lendemain, Vole du violon sur un clavier d’ivoire. Des héros attablés forment son auditoire. Le maire de Strasbourg les manda ce matin Pour leur chanter le chant nouveau. C’est un festin Qui mêle, au seuil des jours pleins d’heures inconnues. Les épaulettes d’or et les épaules nues. On cause. On rit. « Sait-on ce que devient Kléber ?

— Qui ? le géant ? Il vient de s’engager ! — Mon cher, Les sangliers germains vont rentrer dans leurs bauges ! » Et la vieille eau-de-vie aux framboises des Vosges Passe... Et la Mort, dans l’ombre, enroule à son index Un des beaux cheveux blonds du lieutenant Desaix.

Les couples ne prêtaient que des oreilles vagues Quand la nièce du maire, en enlevant ses bagues. S’assit au piano-forte de Silbermann. Mais la guimpe et le frac, l’écharpe et le dolman Frémirent ; tous les yeux se remplirent de larmes ;