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Page:Rostand - Le Vol de la Marseillaise, 1919.djvu/67

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XII

LE SOLDAT



Ce que c’est que le cœur du peuple, je le sais,
Et jusqu’où peut d’un sang atteindre l’excellence,
Depuis que chaque jour je vois, à l’Ambulance,
Silencieusement souffrir l’homme français.

Héros, moi qui croyais que je vous connaissais !
Mais non : tout l’héroïsme est là, dans le silence
D’une prodigieuse et patiente France
Qui s’est faite elle-même, après quelques essais !

J’ai l’honneur d’être aimé d’un soldat simple et grave
Qui dit : « Il fallait bien ! » lorsqu’on dit : « Tu fus brave ! »
Et je sais que j’ai vu le plus beau geste humain

Et que j’ai contracté la dette la plus sûre
Le jour qu’il a daigné, dans le creux de ma main,
Mettre un morceau de plomb extrait de sa blessure.