Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’acajou de ma chambre est, ce matin, d’un style
Si Louis-Philippart,
Que de cette atmosphère ingénument hostile
Toute espérance part !

Quelles traces, fauteuils, sur votre velours chauve
Laissèrent d’humbles dos !
Ô fentes du plafond ! ô papier de l’alcôve !
Ô couleur des rideaux !

C’est aujourd’hui jeudi. C’est le jour où Marseille
Tient ses marchés de fleurs.
C’est là que je serais, dans la tiédeur vermeille,
Au milieu des flâneurs.

Si je n’avais voulu, pour être ce poète
Que nul ne demandait,
Risquer d’être à Paris un Daniel Eyssette
Sans Alphonse Daudet ;

Si je n’avais rêvé le vieux rêve inutile
À tant d’autres pareil,
De me faire une place au soleil d’une ville
Qui n’a pas de soleil !