Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/39

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Non. Leur montante farandole,
Que l’on distingue seulement
Dans la clarté qui les isole,
Fait partout son fourmillement ;

Et tout autour de nous, dans l’ombre,
Ces riens, sans que nous le croyions,
Voltigent en aussi grand nombre
Que là, dans l’or de ces rayons.

Ils vont, viennent. Mais d’habitude
On ne peut les apercevoir.
L’air s’emplit de leur multitude :
On les respire sans les voir.

Leur existence qu’on ignore
Ne se révèle brusquement
Que lorsqu’un rai de soleil dore
Leur humble poussière, en passant !

Et je pense à ces pauvres diables
Qui s’agitent autour de vous,
A tous ces rêveurs misérables,
A tous ces admirables fous !