Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/58

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Je te revois, dans le préau, sous les arcades,
Grave, déambuler, et j’ai la vision
De ton accoutrement pendant ces promenades
Où tu marchais au flanc de ma division ;

De ta longue, oh ! si longue et noire redingote,
Dans laquelle plus d’un avait déjà sué ;
De ton chapeau gibus bon pour mettre à la hotte,
Si fantastiquement bleuâtre et bossué !

Ton haleine odorait le vin et la bouffarde,
Et, quand tu paraissais à l’étude du soir,
Souvent ton nez flambait dans ta face blafarde,
Et c’est en titubant que tu venais t’asseoir.

Pochard mélancolique au crâne vénérable,
Parfois tu t’éveillais, quand tu cuvais ton vin,
Et, frappant un grand coup de règle sur la table,
Tu glapissais : « Messieurs, silence !… » Mais en vain.

Ou plutôt, tu dormais, sans souci des boulettes
Qu’on mâchait longuement pour t’envoyer au nez.
Et ton étude alors marchait sur des roulettes…
Plus de punitions ni de pensums donnés !