Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/61

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Merci, vieux, qui, plus jeune encor, malgré ton asthme.
Que le gandin pédant dont nous suivions les cours.
Fus l’éveilleur de mon premier enthousiasme,
Me refaisant la classe, en plein air, dans les cours !

Merci, toi qui me mis de beaux rêves en tête,
Toi dont la main furtive, au dortoir, me glissait
Les livres défendus de plus d’un grand poète,
O toi qui m’as fait lire en cachette Musset !
 
Souvent, le professeur, corrigeant ma copie,
Dans un discours français trouvait, en suffoquant.
Quelque insulte à Boileau qui lui semblait impie.
Quelque néologisme horriblement choquant ;

Il pâlissait de mon audace épouvantable,
Comme s’il s’attendait à voir crouler le toit…
Mais il ne s’est jamais douté que le coupable,
Mon affreux correcteur, Pif-Luisant. c’était toi !

Oui, si je fus poussé vers quelque plus moderne
Irrégularité, celui qui me poussa
Fut ce pion crasseux qu’on traitait de baderne.
Diogène poussif et Silène poussah !