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Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/77

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OÙ L'ON PERD PIF-LUISANT. 63

Sonnera. Mais j’ai vu que l'espoir était leurre. J’ai vieilli, je me suis lassé d’être incompris. C’est absurde, mais c’est ainsi : le beau mépris Que nous avons d’abord pour le goût du vulgaire Tombe avec l’âge. Eh quoi ! toujours faire la guerre? On veut avoir son tour de gloire. On n’en peut plus Des veilles sans profit, des travaux superflus. J’ai fait de l’art. Cet autre fait du vaudeville : Et c’est à lui que va la multitude vile. C’est lui que l’on acclame. Et moi je meurs de faim ! Eh bien ! je me révolte et je crie, à la fin ! Mon cœur veut déverser son trop-plein d’amertume. Nous autres, je sais bien, notre gloire est posthume Quelquefois. Il parait que, quand nous sommes morts. La Gloire, cette femme, a souvent des remords De ne pas nous avoir aimés. On nous découvre. Nos vers sont exaltés ; nos tableaux vont au Louvre... Mais que nous font de verts lauriers sur nos tombeaux ? C’est vivant que j’aurais voulu quelques lambeaux De cette pourpre ; et, mort, je n’en fais nul usage ! Vois-tu, le désespoir vous étreint avec l'âge D’être plus inconnu qu'un faiseur de couplet ; Et l’on mendie : « Un peu de gloire, s’il vous plaît ! Daignez avant ma mort m’avancer quelque chose.