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Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/81

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              OÙ L'ON PERD PIF-LUISANT.           67 

« Du reste, je te dis ces choses. Mon pauvre ami, mais je sais bien Que les conseils des vieux moroses Ne serviront jamais de rien,

«Et que, si le diable t’y pousse, Tu seras poète, gamin ! — Mais j’ai parlé trop, et je tousse... Embrasse-moi vite. A demain ! »

Le lendemain, j’appris la mort du pauvre hère. Je l’accompagnai seul jusqu’à son cimetière. Puis, ayant vu glisser le cercueil dans le trou. Je marchai devant moi. longtemps, sans savoir où. Et je songeais : « Jamais je ne serai poète ! Car je n’ai pas le cœur assez brave, et ma tête S’égarerait à tant souffrir. Je ne veux pas Traîner cette existence affreuse. à chaque pas Me blesser aux cailloux aiguisés de la route. L’Art, oh ! l’Art m’attirait et me grisait, sans doute ! Mais je veux travailler à faire mon bonheur. Cet homme avait raison. Il m'a donné la peur