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SCENE VII

MARIE.

Comment vous louer dignement ? par quelle reconnaissance payer tant de bonté ? Loin de me forcer au repentir par la terreur, vous m’y amenez, moi indigne de pitié, par les plus douces, par les plus tendres exhortations.

ABRAHAM.

Je ne vous demande rien autre chose que de demeurer fidèle au Seigneur tout le reste de votre vie.

MARIE.

Je m’attacherai à Dieu de toute ma volonté, de toutes mes forces ; et si le pouvoir de le servir me manque, ce ne sera jamais du moins la volonté qui me manquera.

ABRAHAM.

Il faut maintenant servir Dieu avec une ardeur égale à celle que vous avez montrée pour les vanités du monde.

MARIE.

Je fais des vœux pour que, par vos mérites, la volonté divine s’accomplisse en moi.


Scène VIII.

LES MÊMES.
ABRAHAM.

Hâtons notre marche.

MARIE.

Oui, hâtons-nous, car je suis pressée d’arriver.


Scène IX.

LES MÊMES.
ABRAHAM.

Avec quelle rapidité nous avons parcouru cette route difficile !

MARIE.

Tout ce qu’on fait avec dévotion se fait aisément.

ABRAHAM.

Voici votre cellule déserte.

MARIE.

Hélas ! elle fut témoin de mon crime, je n’ose y entrer.

ABRAHAM.

On a raison de fuir un lieu où l’ennemi a triomphé.

MARIE.

En quel lieu m’ordonnez-vous de faire pénitence ?

ABRAHAM.

Entrez dans cette autre cellule plus reculée, pour que le vieux serpent ne trouve plus l’occasion de vous tromper.

MARIE.

Je ne résiste pas ; je veux suivre vos volontés.

ABRAHAM.

Je vais voir mon ami Ephrem, afin qu’il se réjouisse avec moi de ce que je vous ai retrouvée, lui qui fut le seul à pleurer avec moi votre perte.

MARIE.

Cela est juste.


Scène X.

ABRAHAM, EPHREM.
EPHREM.

M’apportez-vous quelques bonnes nouvelles ?

ABRAHAM.

Et de très bonnes.

EPHREM.

Je m’en réjouis ; je ne doute pas que vous n’ayez retrouvé Marie.

ABRAHAM.

Oui, je l’ai retrouvée, et je l’ai ramenée avec joie au bercail.

EPHREM.

C’est l’œuvre de la clémence divine ; je le crois.

ABRAHAM.

Sans aucun doute.

EPHREM.

Je voudrais savoir quelle est maintenant sa manière de vivre.

ABRAHAM.

Elle suit en tous points mes conseils.

EPHREM.

Elle ne peut faire rien qui lui soit plus utile.

ABRAHAM.

Elle s’est soumise à tout ce que je lui ai ordonné, quelque difficile, quelque pénible que cela fût.

EPHREM.

Cette obéissance est digne d’éloge.

ABRAHAM.

Revêtue d’un cilice, se mortifiant par des veilles et des jeûnes continuels, elle observe la discipline la plus austère et force son corps délicat à se soumettre à l’empire de son âme.

EPHREM.

Il est juste que les souillures d’une volupté criminelle soient effacées par la plus rude pénitence.

ABRAHAM.

Quand on entend ses gémissements on a