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56 L’ART THÉÂTRAL MODERNE

Je sais que vous n’êtes pas encore à l’aise, au sujet de ce rêve et de ce brouillard. Je sais que derrière la tête, vous avez le souvenir de ce qui doit venir ensuite plus tard dans la pièce, notamment plusieurs « intérieurs » ; mais ne vous inquiétez pas de cela. Rappelez-vous qu’un château est fait avec des matériaux pris dans une carrière. N’estce pas la même couleur pour commencer ? et les grands coups de hache sur la pierre ne lui donnent-ils pas à chaque bloc un ton qui ressemble à ceux que produit la nature : pluie, gelée, foudre ? Vous n’aurez donc qu’à trouver des variantes du même thème : le roc le brun ; le brouillard — le gris ; grâce à ce moyen vous aurez conservé l’unité. Votre succès dépendra de vos capacités à créer des variations sur ces deux thèmes. Mais rappelez-vous qu’il ne faut jamais vous écarter du thème principal de la pièce en cherchant des variations. Au moyen de votre scène vous pourrez déterminer les mouvements de vos auteurs, et vous devez être à même d’augmenter « l’impression » du nombre sans jamais augmenter ce nombre.

Vous pourrez suggérer à la scène tout ce qui existe, pluie, soleil, vent, neige, grêle, chaleur intense ; mais vous n’y arriverez jamais en cherchant à imiter réellement la nature.

Vous pouvez suggérer par le mouvement la traduction de toutes les passions, et les pensées d’un grand nombre de personnes, par le même moyen, aider l’acteur à rendre les émotions, les pensées du rôle qu’il a à jouer. Mais l’actualité, la précision des détails sera inutile.

Si vous voulez arriver à dessiner des costumes, ne vous inspirez pas des livres spéciaux. Laissez aller votre imagination. Habillez vos personnages suivant votre fantaisie. Vous commettrez des bourdes au début, peu importe. Pour voir le costume des masses, qui est une des parties les plus importantes des études du dessinateur, gardez-vous, erreur commune, de considérer le costume des masses individuellement.