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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/106

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Dans les replis enflés du lin qui les embrasse,
Suivent en dépit d’eux la route qu’il leur trace.
Oui, modernes Typhis ; oui, c’est par vos travaux,
Que peut-être les dieux ont trouvé des rivaux.
Enfanté loin des mers et n’aguère sauvage,
L’homme encor n’avoit point approché leur rivage :
Il erroit sur les monts. Tout-à-coup à ses yeux
L’océan déploya jusqu’aux bornes des cieux
Sa surface mobile, immense, solitaire.
Saisi d’étonnement, l’homme y cherche la terre ;
La terre a disparu : monotone désert,
L’empire seul des eaux brille à l’oeil qui s’y perd.
Long-tems il contempla, dans un profond silence,
Cette plaine d’azur qu’un vent léger balance,
Et qui dans tous ses flots, mollement onduleux,
Répète le soleil, et s’argente à ses feux.
Tandis qu’il promenoit au loin ses yeux timides,
Un géant, du milieu de ces plaines humides,
S’élève sur le dos d’un tourbillon grondant :
Sa formidable main porte un large trident ;