Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/109

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Plus loin, la vaste mer hérisse sa surface.
Ces rochers voyageurs jusqu’au ciel entassés,
Et par les vents fougueux en tumulte poussés
Se croisent, et rompus de leurs piés à leur cime,
De leur choc ruineux font retentir l’abyme.
À leur bruit, à l’aspect de ces flots menaçans,
L’homme, par la terreur lié dans tous ses sens,
Et trop peu fait encor à dompter sa foiblesse,
L’homme alloit refuser sa future noblesse ;
Quand le Dieu bienfaisant qui lisoit dans son coeur :
« Espère la victoire, et tu seras vainqueur ;
Dit-il : si tu reçus le génie en partage,
Par de hardis travaux accroîs cet héritage.
Ne sais-tu point que l’homme est né pour tout oser ?
La mer a des périls ! Ose les mépriser ;
Viens sur un frêle bois leur disputer ta vie ;
Viens : d’immortels succès ton audace est suivie.
J’aime à te les prédire ; oui, je vois tes enfans,
Dans mes vastes déserts, s’avancer triomphans.
Aux climats qu’elle habite, ils ont surpris l’aurore ;
L’occident les appelle, ils y volent encore ;
L’océan