Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/176

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L’animal, arrêté sur les monts de la Thrace,
De son épouse errante interroge la trace.
Ses esprits vagabonds l’ont à peine frappé,
Il part ; il franchit tout, fleuve, mont escarpé,
Précipice, torrent, désert ; rien ne l’arrête :
Il arrive, il triomphe, et fier de sa conquête,
Les yeux étincelans, repose à ses côtés.
Rivaux meuglans d’amour, les taureaux indomptés
S’appellent au combat ; cependant qu’une Hélène,
Prix d’une lutte horrible, erre en paix sur la plaine.
Leur queue à coups pressés aiguillonne leur flanc.
Ils s’atteignent ; leurs fronts se heurtent, et le sang
De leurs corps déchirés coule à longs flots sur l’herbe.
L’un d’eux enfin l’emporte, et conquérant superbe,
Voit son rival, brûlé d’inutiles desirs,
Lui laisser en fuyant un champ libre aux plaisirs.
Tels le chêne robuste et le hêtre fragile,
Quand l’auster sur les bois tombe d’un vole agile,
Mêlent avec fracas leurs rameaux ébranlés.
L’air retentit au loin de leurs chocs redoublés ;
Le hêtre