Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/227

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Et tandis que les voix d’un cortège pieux
Font retentir les airs de chants religieux,
Seul, des flancs du bucher il s’approche en silence,
D’une torche le frappe ; et la flamme s’élance.
Il s’éloigne : les ris, qu’effrayoit son aspect,
Prennent sur tous les fronts la place du respect.
Sa retraite a donné le signal de la danse :
Un aimable délire en trouble la cadence.
On se prend, on se quitte, on se reprend encor.
Là, l’amour ne blessant qu’avec des flèches d’or
Inspire à ses sujets une audace charmante.
L’un soulève en ses bras la svelte Sélimante ;
L’autre vole en passant un rapide baiser,
Que la boudeuse Iris feignoit de refuser.
Des nestors du canton, plus loin, s’assied un grouppe,
Qui de joie et de vin s’enivre à pleine coupe.
Le feu baisse ; et l’enfant, qui n’osoit approcher,
D’un pié hardi s’enlève et franchit le bucher.
Muse, dis maintenant quelle sage contrée,
La première, ordonna cette pompe sacrée !
Le peuple ingénieux, qui sut dans l’orient