Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/237

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fils Almandès finirent leurs destins.

À l’appât des trésors, qu’un espoir chimérique
Promettoit à leurs voeux sous le ciel de l’Afrique,
Ils avoient abordé, conduits par les zéphyrs,
Le rivage lointain si cher à leurs desirs.
Un jour, en un désert, tous deux à l’aventure
Erroient : mais le midi tourmentoit la nature,
Et sur le front noirci du couple voyageur,
Dardoit ses javelots armés d’un feu vengeur.
Hors d’haleine, vaincus de sa brûlante rage,
Ils s’arrêtent enfin, et sous un vaste ombrage,
Attendent que des cieux le globe moins ardent
Précipite son cours vers l’humide occident.
Couchés sur le gazon, Almandès et son père
Se livroient à l’espoir d’un voyage prospère ;
L’un et l’autre buvoient l’oubli de leurs travaux,
Et sur eux, le sommeil distiloit ses pavots.
Bien-tôt de la forêt perçant le long silence,
Un horrible dragon glisse, siffle, s’élance ;
Il se dresse : et déjà le rampant ennemi
Serre de vingt liens le jeune homme endormi.