Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/24

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Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde ;
Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde ;
Impose un long silence aux aquilons jaloux,
Et rens à mes soupirs le printems mon époux.
Elle se tait : le Dieu, sensible à sa prière,
Remonte à l’équateur ; là, r’ouvrant sa carrière,
Il chasse au loin l’hyver, repousse les autans,
Et des rives du Nil appelle le printems :
« Prens tes habits de fleurs, mon fils ; prens la ceinture
Qui pare tous les ans le sein de la nature ;
Va : la terre soupire, et ses flancs amoureux
Attendent la rosée et tes germes heureux :
Mon fils, va la remplir de ton ame éthérée. »
Le printems à ces mots fend la plaine azurée,
Et porté mollement sur l’aîle des zéphirs,
De l’hymen créateur vient goûter les plaisirs.
La terre, devant lui frémissant d’allégresse,
S’enfle, bénit l’époux qu’imploroit sa tendresse ;
L’embrasse, le reçoit dans ses flancs entrouverts :
La séve de la vie inonde l’univers.