Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/275

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De ces républicains, nos paisibles rivaux,
Le soleil en ce mois éclaire les travaux.
Dirigés par l’instinct, dont la voix les rassemble,
Aux rivages d’un fleuve ils s’avancent ensemble :
Ils veulent, l’un par l’autre au travail excités,
D’un pont couvrir les eaux, et bâtir des cités.
En désordre d’abord répandus sur l’arène,
Ils s’y rangent en cercle, ils attaquent un frêne,
Qui robuste, noueux, élancé dans les airs,
D’épais et longs rameaux couvre les bords déserts.
Sous l’effort de leurs dents, à grand bruit, sur la plage
Il tombe ; il a perdu l’honneur de son feuillage.
Tandis que par la foule à la hâte emporté,
Le tronc au sein des eaux roule précipité,
D’autres, que dans leur marche un vieux chef accompagne,
D’arbres moins vigoureux dépeuplent la campagne,
Les portent jusqu’au fleuve, et nerveux matelots,
Les font d’un cours heureux naviger sur les flots.
Des pieux en sont formés. Une magique adresse
Dans l’onde en pilotis les enfonce, les dresse.