Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/277

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La ville, où les troyens, du naufrage assaillis,
Furent par une reine en triomphe accueillis.
Ici, pour décorer l’enceinte d’un théâtre,
Le ciseau façonnoit le porphyre, l’albâtre ;
Là, regnoient dans les airs les creneaux d’une tour ;
Plus loin, s’ouvroit d’un port le spacieux contour ;
Et prodiguant par tout leurs travaux et leurs veilles,
Les arts au fils d’Anchise étaloient des merveilles.
Que les vents, désormais de sa cité jaloux,
L’assiègent ; le castor insulte à leur courroux.
Le buis et le sapin, qu’épargne la froidure,
Prêtent à son sommeil des tapis de verdure.
Les querelles jamais ne troublent ses loisirs ;
Et lorsque, ramenant la saison des plaisirs,
L’amour viendra regner sur ce peuple amphibie,
Le castor, peu semblable aux monstres de Lybie,
N’ira point, altéré de combats et de sang,
Défier un rival et lui percer le flanc :
Aimé de sa compagne, il lui reste fidèle.
Mais nous qui l’admirons, nous sert-il de modèle ?