Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/283

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La foule des colons chantoit les immortels,
Et trouvoit le plaisir jusqu’aux piés des autels.
La danse, les concerts, un aimable tumulte,
Les jeux, le tendre amour se mêloient à ce culte :
L’homme, alors ranimé par des jours de repos,
En aimoit plus ses bois, ses champs et ses troupeaux.
Voyez Rome agricole, et cependant guerrière.
Avant que le cancer, au bout de sa carrière,
Lui donnât en fuyant le signal des moissons,
Aux sons du chalumeau mariés aux chansons,
Elle ouvroit pour son peuple une fête champêtre.
Le vorace animal, que le chêne voit paître,
Autour des blés, trois fois en pompe promené,
De folâtres danseurs marchoit environné.
Sur l’autel de Cérès, serpentoit en guirlandes
Le feuillage du chêne ; et de douces offrandes,
Du miel, du vin, du lait ensemble confondus
Exhaloient leurs parfums, à longs flots répandus.
La victime expiroit. Sous la verte feuillée,
La nuit parmi les jeux retrouvoit l’assemblée ;
Et quand le roi du jour lançoit de nouveaux traits,