Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour eux, changeoit les bois en vénérable enceinte,
Que les dieux remplissoient de leur majesté sainte !
Eh ! N’éprouvons-nous point sous ces portiques verds
Qu’on croit sentir la main qui régit l’univers,
Que nos jeunes pensers en raison se transforment,
Et que nos passions se taisent et s’endorment ?
Le seul amour y veille. Oui, c’est dans les forêts
Qu’à notre ame attentive il parle de plus près.
C’est-là que dans le sein d’une belle ingénue,
Un trouble intéressant par degrés s’insinue ;
Que son oeil affoibli craint les rayons du jour,
Et que sa voix expîre en longs soupirs d’amour.
Vous, esclaves flétris et des cours et des villes,
Qui prodiguez votre ame à des maîtresses viles,
Vous croyez être amans ? Non, vous ne l’êtes pas.
Des palais, où Phryné vous vendit ses appas,
Le véritable amour et s’indigne et s’exile ;
Enfant de la nature, il en cherche l’asyle.
L’amour aime des bois les dédales épais,
S’enfonce dans leur ombre, et s’y nourrit en paix.

Dans les forêts