Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/33

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D’un cercle de beautés à tous les yeux visible,
Je dois, sans te surprendre aucun de tes secrets,
Couler des jours sans gloire au milieu des forêts,
Cueillir au bord des eaux la fleur qui va renaître,
Et poëte des champs, les faire aimer peut-être ;
Ce destin n’est pas grand, mais il est assez doux ;
Il cachera ma vie aux regards des jaloux.
Eh bien ! Champs fortunés, forêts, vallons, prairies,
R’ouvrezmoi les détours de vos routes chéries ;
La ville trop long-tems m’enferma dans ses murs.
Perdu trois mois entiers dans ses brouillards impurs,
J’échappe à ce séjour de boue et d’imposture :
Heureux de votre paix, retrouvant la nature,
Sur la mousse nouvelle et sur la fleur du thym,
Je vais me pénétrer des parfums du matin ;
Je vais sur les rameaux de Vertumne et de flore
Épier quel bouton le premier doit éclore.
Un bien manque pourtant à ma félicité :
Dans les champs près de moi je voudrois ma Myrthé.
Oh ! Si je puis la voir : oh ! Si je puis l’entendre...