Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/338

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Et le front rayonnant d’une douce clarté,
Dévoile avec lenteur son croissant argenté.
Ah ! Sans les pâles feux, que son disque nous lance,
L’homme, errant dans la nuit, en fuiroit le silence ;
Et tel qu’un jeune enfant, que poursuit la terreur,
Foible, il croiroit marcher environné d’horreur.
Viens donc d’un jour à l’autre embrasser l’intervalle,
Ô lune ! ô du soleil la soeur et la rivale !
Et que tes rais d’argent, par l’onde réfléchis,
Se prolongent en paix sur les côteaux blanchis.
Je veux à ta clarté, je veux franchir l’espace,
Où se durcit la grêle, où la nège s’entasse ;
Où le rapide éclair serpente en longs sillons ;
Où les noirs ouragans, poussés en tourbillons,
Font siffler et mugir leurs voix tempêtueuses,
D’où s’échappe la foudre en flèches tortueuses :
J’oserai plus. Je veux par-delà tous les cieux,
Je veux encor pousser mon vol ambitieux ;
Traverser les déserts, où pâle et taciturne,
Se roule pesamment l’astre du vieux Saturne ;
Voir même au loin sous moi dans le vague nager
De la comète en