Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Puis s’arrêtant : « Eh bien ! Reconnois-tu la France,
Mon fils ? Voici la nuit, où d’un glaive assassin,
Le bras du fanatisme a déchiré mon sein.
De cette nuit de sang dis l’horrible aventure ;
Dénonces-en le crime à la race future.
Que des temples sacrés le sonore métal
Du meurtre dans Paris répande le signal.
Peins le vieux Coligni, qui ferme, inaltérable
Laisse sous le couteau sa tête vénérable ;
Couvre encor les chemins de ses membres épars ;
De longs ruisseaux de sang inonde les remparts ;
Que l’on entende encor les clameurs fanatiques
De meurtriers, courans dans les places publiques,
Qu’ils attestent leur roi ; que le nom de leur dieu,
Comme un arrêt de mort, retentisse en tout lieu.
Montre, en foule égorgés dans cette nuit infame,
Le père par son fils, le mari par sa femme,
Les enfans, assassins des enfans au berceau,
Les passages fermés par les corps en monceau ;
Enfin le roi lui-même, au printems de son âge,
Comme un vil scélérat se mêlant au carnage,
Et du haut de son louvre écrasant les proscrits,