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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/348

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Et frémissant de joie au retour de l’aurore,
Du fleuve par dégrés sortir plus frais encore.
Auprès d’un saule antique, au-dessous du bassin,
Où la vague a reçu la nymphe dans son sein,
Lozon s’est arrêté. Sur l’onde fugitive
Il fixe en soupirant une vue attentive :
« Ô toi ! Qui, repliée en sinueux détours,
Du corps charmant de Rose as baigné les contours,
Onde heureuse ! Ah ! Du moins, en quittant ma maîtresse,
Que chacun de tes flots autour de moi se presse :
Mon corps, impatient de s’en voir caresser,
Au fond de ton canal brûle de s’élancer. »
D’importuns vêtemens soudain il se dégage,
Se précipite au fleuve, et l’ouvrant à la nage :
« Oh ! Si j’osois, dit-il, dans les flots me cacher,
Et lentement vers Rose en silence approcher,
Sans blesser ta pudeur, sans lui coûter des larmes,
Rose, mon oeil furtif dévoreroit tes charmes ! »
Tandis qu’en ses pensers Lozon flotte incertain,
L’air, brillant à ses yeux des rayons du matin,
Derrière se