Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/43

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le soleil vers le Bélier doré,
Précédé de sa cour, de ses fils entouré,
Sur un char triomphal le prince asiatique
Monte, et s’avance en pompe armé d’un fer rustique.
C’est Triptolême assis dans le char de Cérès.
Un vallon, dont l’hyver a mûri les guérets,
Ouvre un théâtre auguste à la foule accourue
Des citoyens, voués aux soins de la charrue.
Eh quel si grand spectacle appelle leurs regards ?
Le triomphe annuel du plus noble des arts ;
Un prince laboureur qui descendu du trône,
Doit devant la charrue abbaisser la couronne.
À ses yeux paternels, tant le fer nourricier
Est plus noble et plus saint que l’homicide acier !
Il descend de son char ; d’un pas grave il s’avance.
On se tait : au milieu de ce profond silence,
Seul, il parcourt le champ qu’il doit rendre fécond,
S’y prosterne, et neuf fois le touche de son front.
Un autel de verdure à ses côtés s’élève.
On le pare de fleurs, on y dépose un glaive.