Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les torrens à vos pieds, la foudre sur vos têtes,
Sans jamais vous blesser, rouloient ; et loin de vous
Sur des rocs déchargés se perdoit leur courroux.

Il respectoit des troncs, qui dans leur premier âge
Virent Cézar, Pompée errans sous leur ombrage,
Et mille autres héros, par un nouveau chemin,
Contre l’èbre indompté guidans l’aigle romain.
Vous désarmiez le tems : le tems à chaque lustre
Sembloit prendre plaisir à croître votre lustre.
Vous aviez tressailli d’orgueil, lorsque nos lys
Passèrent sous votre ombre, et que le grand Louis,
Ressuscitant les droits de sa noble compagne,
Choisit dans ses neveux un monarque à l’Espagne.
Mais à quoi sert la gloire ? Hélas ! D’un fer jaloux,
Le grossier bucheron s’arme et frappe sur vous.
Envain s’agite encor votre tête indignée ;
C’en est fait : votre honneur tombe sous la coignée,
Et maintenant, ô rois, instruisez-vous ! Le sort
Frappe ainsi votre orgueil, et l’éteint dans la mort.