Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Que je le plains sur-tout, si le cerf furieux
Par lui se voit fixé d’un regard curieux !
Indigné que sa honte au grand jour exposée,
De l’homme, son tyran, excite la risée,
Il poursuit de ses feux le témoin indiscret,
Et dans des flots de sang veut noyer leur secret.
Trop heureux ce mortel, si la froide épouvante
N’enchaîne point ses pas dans l’arène mouvante !
Trop heureux si le tronc d’un chêne protecteur
Présente au fugitif sa tranquille hauteur !
Ô forêt de Compiegne ! Ainsi sous ton ombrage,
Poursuivi par un cerf je sus tromper sa rage.
La nuit de ses rideaux voiloit le firmament ;
Et cependant Phébé versoit paisiblement,
À travers les rameaux humides de rosée,
Ce pâle demi-jour qui blanchit l’élisée.
Guidé par son flambeau, je perce, audacieux,
Du monarque des bois le séjour spacieux :
Je l’avoûrai. Bientôt une terreur secrette
Étonna, suspendit mon audace indiscrette.
Ces arbres au tronc noir, ce désert étendu,