Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/139

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C’est lui qui, dans ces jours, où l’oiseau tristement
Demande aux bois flétris quelque foible aliment,
Aux cités pousse en foule et la huppe azurée
Et la swelte mézange, à l’aîle diaprée,
Le brillant rouge-gorge y devance leurs pas :
Il vient, sans redouter les flèches du trépas,
Ni la captivité mille fois plus cruelle,
Nous rendre innocemment sa visite annuelle.
Imitez leur retour, ô vous, de qui les rois
Ont fait l’appui de l’homme opprimé dans ses droits ;
Allez, il en est tems : reprenez la balance,
Qui, jusques sous le daîs, fait pâlir l’insolence.
Mais, prêtres de Thémis, jurez à ses autels,
Qu’équitables et purs comme les immortels,
Vous n’égarerez point dans la nuit de l’intrigue
La vérité : qui marche étrangère à la brigue :
Jurez que sans oreille à la voix du puissant,
Vous lui refuserez le sang de l’innocent :
Jurez que la beauté, plus forte dans les larmes ;
Trouvera votre coeur armé contre ses charmes ;
Enfin que dans vos moeurs, ainsi qu’en vos arrêts,